Si le déménagement d’une entreprise (du secteur tertiaire en particulier) n’est pas une opération trop complexe en soi sur le plan administratif et matériel, la question de la continuité des services en matière de télécom et d’informatique l’est souvent davantage. Avec la nécessité de penser à tout en amont, tant sur le plan quantitatif que qualitatif, et de bien connaître les usages et les besoins de l’entreprise sur ce terrain si sensible. Pour y voir plus clair, nous avons demandé à Antoine Sébillet, directeur technique de la société VDCOM* de nous éclairer.
Bonjour M. Sébillet. Quelle est la première question qu’une entreprise doit se poser en matière de télécom lorsqu’elle doit migrer vers un nouveau local professionnel ?
Elle doit en premier lieu y penser. Sur la partie déménagement et construction, ce que l’on constate le plus souvent c’est l’absence d’arrivée télécom au niveau du nouveau bâtiment. Souvent parce que le client n’a pas forcément anticipé cet aspect. Il a pensé à l’eau et à l’électricité mais pas à ses télécoms. Cela peut aussi dépendre des architectes et des maîtres d’oeuvre en charge du projet. Il n’est pas rare que des clients nous appellent 1 mois avant leur emménagement pour nous demander conseil, parce que la question des télécoms n’a pas été évoquée en amont. Ce n’est pas trop problématique pour des entreprises de petites tailles parce qu’on peut les raccorder sur le modèle de ce qui se fait pour les particuliers (ligne cuivre adsl, vdsl ou juste une fibre mutualisée), sous conditions que la partie génie civil ne pose pas problème…
C’est-à-dire ?
Eh bien, pour câbler un bâtiment existant, il faut pouvoir accéder à son fourreau télécom, la gaine de protection souterraine enterrée dans le sol entre un bâtiment et le regard FT utilisé par les techniciens pour le passage d’une aiguille de tirage dans le fourreau. Ce regard, c’est le dispositif de visite, on le trouve le plus souvent en limite de propriété. Il s’agit donc ici d’une intervention physique à 100 % qui ne pose généralement pas de problème avec des bâtiments neufs ou récents (l’accessibilité au regard est facile), mais qui peut se compliquer avec des bâtiments anciens. Par exemple, si des travaux de voirie ont rendu inaccessibles ce regard (un nouveau trottoir par exemple).
Que se passe-t-il quand ce regard est totalement inaccessible ?
Si votre regard de branchement FT est caché ou si la gaine est bouchée ou abimée, vous êtes d’office en « échec installation fibre ». Il faut alors faire appel à une société spécialisée dans ce type de problème. Elle va localiser avec précision le regard enterré ou le fourreau bouché ou cassé. Ensuite, il faut faire des travaux pour permettre l’accès au regard.
En dehors de ce cas particulier, un opérateur télécom peut donc trouver facilement une solution d’appoint pour « pluger » une petite entreprise. Mais qu’en est-il des plus importantes, des bâtiments tertiaires par exemple ?
Quand on a affaire à des entreprises plus structurées, avec beaucoup de postes, ou des bâtiments tertiaires qui accueillent plusieurs sociétés, l’anticipation devient ici essentielle. Il est impératif de passer commande pour une arrivée télécom a minima 3 mois à l’avance auprès de l’opérateur historique (ou de l’opérateur fibre locale). Les délais de raccordement sont variables selon qu’on parle d’une fibre mutualisée (entre 2 et 6 semaines) ou d’une fibre dédiée (entre 8 et 12 semaines). La question de l’ancienneté du bâtiment entre aussi en ligne de compte : les bâtiments récents ont le plus souvent anticipé la fibre optique (fibre en cuivre sur les plus anciens).
Quels sont les autres aspects qui doivent être anticipés au niveau du raccordement, notamment dans un contexte de déménagement d’entreprise ?
Le dimensionnement du lien internet (le débit) et son dimensionnement sont essentiels. Et puisque tout passe par internet, il est important de prévoir un lien de secours en regardant à quoi on est éligible en cas de défaut du lien principal (4G, 5G ?). A la question de savoir combien de temps une entreprise peut se passer d’internet, la réponse est souvent la même : quelques heures tout au plus. Entre aussi en ligne de compte dans le dispositif de secours à mettre en place. Ensuite il y a la partie réseau interne (LAN) avec la nécessité de recourir aux bons équipements. On constate souvent que les nouveaux usages sont oubliés en considérant qu’une prise par bureau suffit : raccordement des copieurs ou des bornes wifi (avec par exemple la nécessité de mettre des points réseau un peu partout dans le bâtiment). Chez VDCOM, nous préconisons quasi systématiquement 2 prises réseaux par poste de travail (1 pour la téléphonie, 1 pour l’informatique). Encore une fois, on peut tout mutualiser sur le même réseau, mais il faudra mettre des switchs dimensionnés en conséquence. La caméra de vidéo surveillance, connectée en IP à l’accueil, est souvent oubliée. Tout comme la télé connectée dans la salle de pause, les usages visio, les barres de son pour l’équipement en visioconférence des salles de réunion, etc.
En conclusion ?
Un changement de lieu de travail étant toujours un moment de stress et d’inquiétude, l’anticipation est vraiment la clé pour que tout se passe le mieux possible… Depuis la connectivité du bâtiment ou du local professionnel en lui-même jusqu’au raccordement du poste informatique du stagiaire de l’accueil.
Merci M. Sébillet
* VDCOM est une société spécialisée dans l’intégration télécom et réseaux professionnels, présente sur 5 départements (Vendée, Loire Atlantique, Maine-et-Loire, Deux-Sèvres, Vienne) et qui emploie 65 personnes.