Il y a encore quelques semaines ou quelques mois (une période qui semble remonter à des années-lumières aujourd’hui), nous évoquions ici même le flex office, les tendances de fond en matière d’aménagements d’espaces de travail ou encore les bienfaits du coworking… Nous parlons bien ici d’une époque où un certain Covid-19 n’était pas venu bouleverser nos vies, nos habitudes et nos attentes pour l’avenir, notamment en ce qui concerne nos vies professionnelles. Ainsi, à l’heure où la société dans son ensemble émerge de 55 jours de confinement, le nouveau défi qui semble attendre l’ensemble des professionnels (locataires d’espaces, bailleurs, promoteurs, architectes, sociétés immobilières, etc.) tient en un seul mot, ou plutôt en deux : adaptation et mutation.
Distance sociale vs décloisonnement
Pour les professionnels de l’immobilier d’entreprise, la feuille de route des mois à venir n’a déjà plus rien à voir avec ce qu’elle était encore au début de l’année 2020. Là où la tendance était encore au rapprochement (par affinité, moment de travail, usage du lieu de travail), c’est maintenant avec la distanciation physique qu’il faut apprendre à négocier. Il fallait optimiser, mutualiser, resserrer, réunir ? Il faut désormais séparer, protéger, confiner, individualiser… Sans oublier d’ajouter de nouvelles données à l’équation, comme le télétravail qui aura permis d’expérimenter in vivo de nouveaux réflexes, voire de nouvelles compétences, et dont la démocratisation pourrait avoir des conséquences sur le travail de demain.
Le tactile dans le collimateur
Autre aspect à envisager pour les designers et architectes concernant les espaces de bureaux : la transition du tactile (ascenseurs, claviers numériques, imprimantes, poignées de portes, etc.) vers d’autres formes de reconnaissance ou d’identification (visuelle ou vocale par exemple), sachant que tout ce qui relève du tactile sera à bannir pour un temps, sans présager que celui-ci reprenne pleinement ses droits (voire ses doigts) dans ce « monde d’après » dont personne n’a de vision précise à ce jour. Par ailleurs, et toujours sans présager de la durée durant laquelle le coronavirus hantera nos existences, nous nous faisons à l’idée que la crise sanitaire impactera durablement nos vies professionnelles et nos réflexes quotidiens, dont certains pourraient disparaître de façon accélérée : continuera-t-on de se serrer la main, de se “claquer la bise” entre collègues ou de se réunir à 12 dans une salle de réunion de 15 m² ? Les salles de réunion en tant que telles ont-elles d’ailleurs un avenir aussi tracé qu’auparavant, à l’heure où explose le recours à la visio-conférence ou à la réalité virtuelle ?
Du plexiglas dans l’open space
À court terme, la réponse est non bien sûr, mais il se pourrait que nombre de ces nouveaux réflexes de défense soient maintenus une fois l’alerte levée. Et que certaines habitudes se pérennisent. Si les bureaux de l’immédiat « après-Covid » doivent nécessairement tenir compte de ces mutations, nul ne sait comment évolueront dans le temps les différentes dispositions et adaptations prises pour y faire face. A moyen terme, si l’on peut imaginer que le port du masque obligatoire ne s’installera pas dans la durée, il faudra bien l’envisager comme un élément de l’équation de la vie au travail à l’heure de reprendre le chemin du bureau. Toujours au rang des multiples protections sanitaires à envisager dans les futurs espaces de travail, il y a fort à parier que le plexiglas et autres matériaux translucides feront un retour en force dans les open spaces et transformeront ces plateaux jadis ouverts en espaces reconfinés… Reste à savoir si ce retour au confinement dessinera, ou non, une tendance de fond…