Le Flex Office (ou bureau flexible dans la langue de Victor Hugo) est une nouvelle organisation de l’espace de travail qui se caractérise par l’absence d’attribution d’un poste de travail précis et fixe à un·e salarié·e· Mais au-delà d’une simple question d’organisation, et par-delà ses avantages potentiels, son déploiement dans les grandes entreprises se traduit encore par une certaine déstabilisation des salariés…
Au commencement du Flex Office était l’Activity Based Working (ABW)
Si le Flex Office a fait son entrée au sein de quelques-unes des plus grandes entreprises françaises du secteur tertiaire en 2018 (Engie, Bouygues, Sanofi, Société Générale, pour ne pas les citer), et s’il continue de faire l’actualité aujourd’hui, le concept n’est pas arrivé de nulle part. Ainsi, c’est du côté de l’Australie qu’il faut se tourner, pays continent qui a vu naître la philosophie de l’ABW (Activity Based Working), qui propose de passer d’une organisation formelle, plus ou moins flexible, à une organisation informelle, beaucoup plus flexible, en diversifiant les zones de l’entreprise par besoins et non plus par personne, toute hiérarchie confondue. Nous sommes donc dans une approche éminemment disruptive de l’organisation traditionnelle du travail et de l’espace de travail en entreprise avec un environnement censé être adapté à chaque typologie de tâche à accomplir ou de moment à vivre (travail individuel, échange informel, réunion de travail, rendez-vous client…)
…Sans oublier le « desk sharing »
Si vous aimez les anglicismes, cet article est fait pour vous. Car avant de parler du Flex Office, évoquons encore le « Desk Sharing », le concept qui le précède et qui l’englobe. Son principe est simple et peut se résumer ainsi : les salariés d’une entreprise ne peuvent simplement plus prétendre à disposer d’un bureau fixe. Bénéfices recherchés : pour le salarié, une communication plus facile et plus spontanée avec les autres membres de l’entreprise. Pour l’entreprise, la possibilité de réaliser des économies d’espace via un meilleur taux d’occupation et une réduction du nombre de postes de travail. Adieu le sacro-saint bureau personnel et personnalisé donc. Il va sans dire que cette « petite » révolution ne va pas sans quelques grincements de dents au sein des entreprises qui choisissent de le mettre en place sans avoir bien préparé le terrain en amont.
Le Flex Office pousse le concept du desk sharing au maximum
Le Flex-Office est un système qui repose sur le desk sharing mais pousse le concept encore plus loin.
Ainsi, en plus des bureaux partagés, c’est toute l’organisation du travail qui est impactée vers plus de flexibilité. Elle présuppose donc un sens naturel de la mobilité chez les salariés, soit une capacité à être en mesure de travailler efficacement d’à peu près partout, chez eux, en déplacement, chez un client… Ainsi qu’au bureau. Sous réserve de disposer des outils de travail nécessaires au bon déroulement de leurs différentes tâches (en termes de connectivité notamment). Dans l’absolu, il dépasse les limites physiques du lieu de travail, devenant lui-même potentiellement obsolète. Il devient ainsi le porte-étendard d’une nouvelle philosophie pour les entreprises : celle de ne plus faire du siège social un lieu central et incontournable. Dans cet esprit, les options sont multiples et le télétravail fait aussi partie de la solution.
… Mais doit encore convaincre les salarié·e·s
Résumons : le Flex Office se caractérise principalement par l’absence d’attribution d’un poste de travail précis à un·e salarié·e. À lui·elle de s’organiser en fonction de ce paramètre et de trouver l’espace le mieux adapté à son besoin ou sa mission du moment au sein de l’entreprise, voire en dehors (un café, son propre domicile, chez un client…). Seul souci : le nombre de personnes qui préfèrent avoir leur espace personnel est encore largement majoritaire, en France notamment où, selon une étude OpinionWay publiée l’année dernière, 68 % des Français se positionnaient clairement contre le Flex Office. Une des principales raisons de cette « frilosité » pouvant s’expliquer par le côté imposé d’un concept qui propose une seule logique de fonctionnement aux collaborateurs, sans véritablement d’alternative. Or, c’est bien souvent dans la diversité que s’exerce le mieux l’agilité, quand bien même le Flex Office favoriserait le décloisonnement statutaire… Affaire à suivre, donc.